Fr. 2004. Chronique de Philippe Garrel avec Louis Garrel, Clotilde Hesme, Julien Lucas. Peu après avoir participé aux manifestations de Mai 68, un jeune poète désillusionné s'installe chez un riche ami opiomane où il s'éprend d'une artiste. Récit partiellement autobiographique découpé en chapitres. Excellente recréation du climat et du contexte de l'époque. Images au noir et blanc très contrasté. Réalisation délibérément sans apprêt. Interprétation naturelle et désinvolte.
Peu après avoir participé aux manifestations de Mai 68, un jeune poète désillusionné s'installe chez un riche ami opiomane où il s'éprend d'une artiste. Récit partiellement autobiographique découpé en chapitres. Excellente recréation du climat et du contexte de l'époque. Images au noir et blanc très contrasté. Réalisation délibérément sans apprêt. Interprétation naturelle et désinvolte.
En mai 1968, Philippe Garrel, déjà cinéaste (MARIE POUR MÉMOIRE), avait l'âge de son héros, joué ici par son fils Louis. Cette caution autobiographique assumée, le cinéaste mise sur l'évocation de l'air du temps de l'époque, parfaitement recréé, plutôt que sur une reconstitution historique minutieuse. Guidée par une intrigue très lâche, découpée en quatre longs chapitres, sa mise en scène sans apprêt (noir et blanc très contrasté, format d'image carré comme les actualités de l'époque) donne l'illusion saisissante que le tout a été tourné à la fin des années 1960. À l'instar de LA MAMAN ET LA PUTAIN, l'oeuvre-phare de Jean Eustache, le film illustre le désenchantement de cette jeunesse à travers de simples tranches de vie, révélées par le jeu désinvolte des comédiens et des dialogues qui semblent avoir été improvisés. Toutefois, les spectateurs allergiques au style non narratif de Garrel, tablant sur la durée étirée des plans, risquent de rendre les armes au bout d'une heure.
Texte : Jean Beaulieu