L’AVIS DE MEDIAFILM

Force est de constater que le cinéma espagnol actuel ne se résume plus à Pedro Almodovar. Après trois longs métrages marquants, dont un ayant fait l'objet d'un remake (ABRE LOS OJOS devenu VANILLA SKY) et un autre tourné en anglais (THE OTHERS), Alejandro Amenabar s'éloigne cette fois de Hollywood, quitte le monde des fantômes pour rejoindre celui des vivants, ici surtout celui des êtres souffrants. Fasciné par la personnalité de Ramon Sempedro et son combat pour mettre fin à ses jours, Amenabar livre, à travers une mise en scène soignée, une oeuvre dépouillée, sobre et rarement manipulatrice, des qualités étonnantes pour un cinéaste jusque là porté sur les excès stylistiques. Loin de faire l'apologie de l'euthanasie, le film dresse un constat nuancé des revendications du personnage, montrant aussi les déchirements moraux de son entourage. Et même si l'action se déroule en grande partie dans la chambre du protagoniste, on ne ressent aucun sentiment d'étouffement, grâce à de nombreuses échappées poétiques et une galerie de personnages attachants. Pour honorer la mémoire de Sampedro, Amenabar ne pouvait trouver acteur plus puissant et charismatique que Javier Bardem, qui s'avère éblouissant mais sans jamais éclipser le reste de la distribution, tout aussi admirable de sincérité.

Texte : André Lavoie