L’AVIS DE MEDIAFILM

Même s'il s'agit de son premier long métrage pour le cinéma, Luc Jacquet, biologiste de formation, a tourné de nombreux documentaires animaliers pour la télévision. Son intérêt pour les manchots empereurs remontant à plusieurs années déjà, il connaît autant leurs habitudes fascinantes que le climat rigoureux de l'Antarctique qu'ils doivent affronter. LA MARCHE DE L'EMPEREUR représente d'ailleurs une entreprise colossale, ayant nécessité près d'un an de tournage dans des conditions extrêmement difficiles pour illustrer toutes les étapes du cycle reproducteur de l'espèce. Le commentaire, truffé d'informations pertinentes, est livré par trois acteurs qui épousent le point de vue du mâle (Charles Berling), de la femelle (Romane Bohringer), et de leur rejeton (Jules Sitruk). Cette approche anthropomorphique donne au film l'aspect charmant du conte bien plus que du documentaire. Mais ce procédé serait vain sans la grande virtuosité dont fait preuve le réalisateur, captant les beautés de ce paysage aride sculpté par le froid, et célébrant, souvent de près, l'ingéniosité et la grâce de ces animaux si particuliers. Attentif aux moindres détails, les suivant dans l'eau ou sur la banquise, Jacquet multiplie les scènes cocasses, et d'autres nettement plus dramatiques pour la survie même du groupe. Enfin, la musique électronique d'Émilie Simon donne au film un charme proprement envoûtant.

Texte : André Lavoie