L’AVIS DE MEDIAFILM

Monteur du film de Gary Winick SWEET NOTHING (1995) et coscénariste de TADPOLE (2002), du même réalisateur, Niels Mueller fait ses débuts derrière la caméra en portant à l'écran un récit troublant, inspiré de faits authentiques. Sur un canevas qui ne peut manquer d'évoquer celui de TAXI DRIVER, le film dépeint le parcours pathétique d'un laissé-pour-compte du rêve américain qui, interprétant tout de travers, croit être le seul à demeurer juste dans une société corrompue et en perte de repères moraux. Le plan funeste de cet être déconnecté de la réalité s'avère particulièrement dérangeant pour le spectateur contemporain, dans sa façon d'annoncer les attentats du 11 septembre 2001. Épousant parfois le point de vue du protagoniste paranoïaque, le récit et la réalisation s'avèrent efficaces, créant une tension dramatique croissante. La reconstitution d'époque apparaît toutefois minimale, se concentrant surtout sur la mode vestimentaire criarde des années 1970 et les modèles des voitures de cette époque. En grande forme, Sean Penn livre une prestation d'une grande intensité, jouant à merveille sur le caractère introverti de son personnage, tant dans ses attitudes physiques que dans sa façon de parler, tout en le rendant franchement inquiétant lorsqu'il sombre dans la psychose.

Texte : Louis-Paul Rioux