Fr. 2004. Conte de Lucile Hadzihalilovic avec Zoé Auclair, Bérangère Haubruge, Hélène de Fougerolles. Une année dans la vie de jeunes filles qui apprennent la danse classique dans un internat coupé du reste du monde où règne une atmosphère mystérieuse. Histoire insolite au climat onirique. Curieux mélange de paix bucolique et de menace sourde. Nombreux éléments symboliques sur l'éveil sexuel féminin. Réalisation raffinée. Interprétation assez naturelle.
Une année dans la vie de jeunes filles qui apprennent la danse classique dans un internat coupé du reste du monde où règne une atmosphère mystérieuse. Histoire insolite au climat onirique. Curieux mélange de paix bucolique et de menace sourde. Nombreux éléments symboliques sur l'éveil sexuel féminin. Réalisation raffinée. Interprétation assez naturelle.
Cette histoire insolite qui se déroule en vase clos a été librement adaptée d'une nouvelle peu connue écrite en 1888 par l'auteur allemand Frank Wedekind. Le récit baigne dans un climat onirique qui induit chez le spectateur un sentiment d'angoisse sourde fondée sur l'attente d'une révélation que la cinéaste prend un malin plaisir à repousser, notamment au moyen de scènes indûment étirées. Tout cela pour évoquer, en termes parfois symboliques, l'éveil sexuel des jeunes filles et ses implications et conséquences possibles (séduction, procréation, répression). Comme le suggère l'idée du cercueil dans lequel les fillettes sont emmenées à l'internat, celles-ci se retrouvent dans une sorte de paradis aseptisé, un au-delà où elles sont privées de volonté propre, où on leur demande de devenir des anges. Un processus d'initiation que la réalisatrice évoque avec un mélange de douceur et de menace, de lumière et de ténèbre. Oeuvre éminemment allusive, INNOCENCE mise sur une création d'atmosphère assez envoûtante. Mais, en raison d'un certain hermétisme, le film risque de frustrer certains spectateurs, alors que d'autres se laisseront volontiers charmer par son style raffiné. À noter la richesse du traitement sonore qui joue sur un mélange de sons naturels (vent, pluie, oiseaux) et de basses fréquences menaçantes dans la veine des films de David Lynch. Les interprètes jouent avec assez de conviction.
Texte : Martin Girard