L'avis de Mediafilm

Road movie où le désir et la musique viennent transcender la thématique de l'errance, EXILS est peut-être l'oeuvre la plus achevée de Tony Gatlif depuis LATCHO DROM. En effet, ce film, gagnant du prix de la mise en scène à Cannes en 2004, accomplit enfin la symbiose, maintes fois tentée par Gatlif, entre la volonté du cinéaste de raconter une histoire et sa propension à l'ethnologie musicale. Du coup, la trajectoire dramatique du couple épouse parfaitement l'itinéraire d'un voyage où, à la succession des lieux, correspond un paysage musical qui part de la techno et des airs gitans pour remonter à leurs sources nord-africaines. Voyage au coeur des origines à plus d'un titre, EXILS est surtout une expérience sensorielle, imprégnée de couleurs chaudes et de sonorités envoûtantes, où la musique devient le «sang» dont la pulsation irrésistible bat au coeur des communautés et cimente momentanément les rencontres. De fait, si la trame sonore nourrie de «world music» et la magnifique photographie contribuent à l'ambiance à la fois torride et exaltée de l'oeuvre, Romain Duris et Lubna Azabal forment un tandem dont l'intensité de jeu exprime avec abandon l'alchimie sensuelle de leur couple.

Jean-Philippe Gravel