Fr. 2004. Drame psychologique de Éléonore Faucher avec Lola Naymark, Ariane Ascaride, Thomas Laroppe. Une adolescente cherchant à cacher une grossesse non désirée se rapproche d'une brodeuse professionnelle qui vient de perdre son fils. Étude subtile des rapports entre deux êtres déchirés. Approche quasi-documentaire. Dialogues réduits au minimum. Mise en scène simple et discrète. Jeu retenu des actrices.
Une adolescente cherchant à cacher une grossesse non désirée se rapproche d'une brodeuse professionnelle qui vient de perdre son fils. Étude subtile des rapports entre deux êtres déchirés. Approche quasi-documentaire. Dialogues réduits au minimum. Mise en scène simple et discrète. Jeu retenu des actrices.
Premier long métrage d'Éléonore Faucher, BRODEUSES marque, en mineur, une certaine filiation avec ce cinéma régional franco-belge (celui notamment des frères Dardenne, Bruno Dumont et Sandrine Veysset) qui pose un regard sensible et naturaliste sur des destins humbles, sans tabler sur le spectaculaire ou la surdramatisation. La mise en scène simple et discrète, proche du documentaire, rend palpable, au risque de devenir aride, le quotidien plutôt banal de ces travailleuses aux doigts d'or. On en oublie presque la subtilité avec laquelle la réalisatrice nous convie à étudier les interactions de ces êtres écorchés par les deux expériences les plus déchirantes de la maternité: l'accouchement non désiré et le deuil d'un enfant. Obtenant le maximum avec des dialogues réduits au minimum, les deux actrices principales (lumineuse Lola Naymark, aperçue dans MONSIEUR IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN, et sobre Ariane Ascaride, la muse ici «démarseillisée» de Robert Guédiguian) offrent un jeu tout en retenue, en parfait accord avec le sujet. Difficile aussi dans ce film presque artisanal de ne pas voir un lien, aussi ténu soit-il, entre l'art de la broderie, fait de petits gestes précis et répétitifs, et cet autre ouvrage de patience qu'est le cinéma.
Texte : Jean Beaulieu