L’AVIS DE MEDIAFILM

Pour son premier long métrage, Jordan Roberts n'a pas échappé à la tentation autobiographique, explorant les rapports père-fils avec un mélange forcé d'humour absurde et de sentimentalisme. Dans AROUND THE BEND, il entrecroise quatre générations d'hommes qui ont accumulé bien des récriminations; pour trois d'entre eux, le temps d'un voyage, celles-ci vont se dissiper. Ce canevas, guère original, culmine dans un affrontement douloureux suivi de larmoyantes réconciliations. Comme pour atténuer la banalité du propos, le cinéaste introduit des personnages pittoresques dont certains s'avèrent toutefois à la limite du ridicule (cf. l'infirmière à l'accent étrange et friande de films d'horreur) et ponctue le trajet des voyageurs de passages obligés dans des restaurants de la chaîne Poulet Frit Kentucky. On cherche en vain la signification profonde de cette volonté du défunt, n'y voyant surtout qu'une bête stratégie de placement de produits. Ces lacunes mises à part, le cinéaste a su s'entourer d'acteurs exceptionnels, dont Michael Caine dans un petit rôle mais dont l'importance symbolique est irréfutable. À l'opposé, avec ses yeux exorbités et sa voix d'outre-tombe, Christopher Walken nous fait croire sans mal qu'il revient de loin. Entre ces deux acteurs exceptionnels, Josh Lucas réussit malgré tout à faire sa marque.

Texte : André Lavoie