L’AVIS DE MEDIAFILM

Classique mineur du cinéma anglais des années 1960, ALFIE de Lewis Gilbert traçait le portrait d'un playboy cynique issu d'un milieu populaire, qui profitait à plein de la première phase de la libération sexuelle, celle précédant la révolution féministe. Le récit en avait choqué plus d'un, surtout à cause d'une scène d'avortement clandestin aussi sordide qu'inquiétante. Près de quarante ans plus tard, Charles Shyer (FATHER OF THE BRIDE) a réalisé un remake du film de Gilbert, en transposant l'action à New York. La pertinence d'une telle entreprise ne saute pas aux yeux, le réalisateur et sa scénariste n'ayant rien de bien pénétrant à dire sur l'évolution des relations homme-femme depuis 1966. Si bien que le récit apparaît artificiel et sans grand intérêt. Tout aussi égoïste et réfractaire à l'engagement que son modèle, le nouveau Alfie s'avère cependant moins cruel, ce qui le rend un peu plus attachant mais du coup plus banal. Pourtant, le film demeure divertissant, grâce à une réalisation vivante et colorée qui parvient par moments à recréer l'ambiance électrisante et branchée du «swinging London». Et Jude Law est parfait dans le rôle d'Alfie, son charme irrésistible crevant l'écran, même lorsqu'il se prête au procédé casse-gueule de l'adresse directe à la caméra, qui apparaissait innovateur dans le film original.

Texte : Louis-Paul Rioux