L’AVIS DE MEDIAFILM

François Ozon brigue à coup sûr le titre d'enfant terrible du cinéma français. Ses courts et moyens métrages des années 1990 laissaient entrevoir un talent indéniable pour raconter une histoire, de même qu'une prédilection pour l'irrévérence. Par contre, ses longs métrages, quoique pour la plupart bien troussés et souvent originaux, ont rarement satisfait les espoirs que l'on fondait sur lui. 5 X 2 ne fera sans doute pas exception et divisera la critique. Certains admireront sa maîtrise de la grammaire cinématographique, malgré l'étonnante sobriété de la mise en scène, ainsi que sa façon de radiographier aussi crûment une relation en perte d'amour. D'autres contesteront la narration à rebours quelque peu schématique, calquée sur le téléfilm TWO FRIENDS de Jane Campion (1986) et suivant notamment les traces d'IRRÉVERSIBLE de Gaspar Noé. Le fait de décortiquer un parcours amoureux complexe en cinq fragments fugitifs apparaît néanmoins réducteur et confine à l'exercice de style d'un élève appliqué. En effet, les pans de vie sacrifiés auraient pu nous éclairer davantage sur la lente désagrégation du couple au quotidien. Heureusement, les deux interprètes principaux, lumineux et fort doués, donnent un certain éclat à un film foncièrement pessimiste.

Texte : Jean Beaulieu