L’AVIS DE MEDIAFILM

Les aventures du personnage de Zatoichi ont été portées à l'écran plus d'une vingtaine de fois au Japon entre 1962 et 1989. Abordant pour la première fois le film d'époque, Takeshi Kitano se nourrit donc à même un matériau déjà riche en soi, qu'il assaisonne de sa touche particulière, peaufinée au fil des ans dans ses films de yakusas, faite notamment d'un habile dosage d'affrontements violents, d'humour et de moments contemplatifs. L'auteur de SONATINE et HANA-BI impose sa maestria à tous les niveaux. À commencer par l'emploi audacieux et très imaginatif des retours en arrière dans la construction narrative, qui viennent complexifier l'intrigue et les personnages. Réalisé de façon astucieuse et énergique, ZATOICHI rend hommage au cinéma d'Akira Kurosawa et autres maîtres nippons du «chambara» (ou film de sabre), tandis que l'utilisation de trucages numériques (sang qui gicle, membres tranchés) se veut un clin d'oeil aux «animes» japonais. En outre, la bande sonore se marie admirablement au montage pour créer des effets de style très originaux, notamment lors du très inattendu dénouement, qui intègre un hommage décoiffant aux comédies musicales américaines. Dans un rôle qu'il a d'abord hésité à jouer lui-même, Kitano (sous son pseudonyme Beat Takeshi) offre une savoureuse composition à la fois intense et loufoque.

Texte : Jean Beaulieu