L’AVIS DE MEDIAFILM

Fertile en lieux inusités et en personnages illuminés, l'oeuvre de Werner Herzog n'a cessé d'explorer des décors et des mentalités qui semblent issus d'un univers parallèle. C'est aussi l'impression que dégage WHEEL OF TIME, documentaire méditatif sur l'essence de l'élan mystique. D'emblée, les rites de l'initiation bouddhiste du Kalachakra s'adaptent parfaitement à cette démarche. La beauté des paysages himalayens, la procession des adeptes qui franchissent, prosternés, des milliers de kilomètres, apportent nombre d'images à la fois saisissantes et insolites. D'ailleurs, Herzog excelle à décrire l'effervescence des campements de Bhod Gaya, où s'active harmonieusement une vaste communauté de fidèles. Or, malgré les éclaircissements qu'apportent les entretiens du cinéaste avec le dalaï-lama et un accès privilégié à des rituels méconnus, l'approche respectueuse de Herzog demeure celle, un peu statique, d'un visiteur extérieur, davantage en quête des signes de l'illumination que de son sens. En outre, les éléments de réflexion sur la fragilité de la culture bouddhiste demeurent périphériques. Sorte de pélerinage contemplatif dans un univers étrange et impénétrable, WHEEL OF TIME livre donc moins le sens d'un rituel qu'il n'offre à voir la force d'un mystère qui, d'aussi près qu'on l'observe, garde ses secrets.

Texte : Jean-Philippe Gravel