Fr. 2003. Drame psychologique de Patrice Chéreau avec Bruno Todeschini, Éric Caravaca, Nathalie Boutefeu. Deux frères qui s'étaient perdus de vue reprennent contact lorsque l'aîné annonce qu'il est atteint d'une maladie incurable. Approche frontale d'un sujet douloureux. Étude psychologique intense et fouillée. Montage serré. Mise en scène directe. Interprétation d'un réalisme saisissant.
Deux frères qui s'étaient perdus de vue reprennent contact lorsque l'aîné annonce qu'il est atteint d'une maladie incurable. Approche frontale d'un sujet douloureux. Étude psychologique intense et fouillée. Montage serré. Mise en scène directe. Interprétation d'un réalisme saisissant.
D'entrée de jeu, l'approche frontale que choisit Patrice Chéreau pour traiter un sujet aussi douloureux n'a rien de joli. En effet, les images blafardes des chambres d'hôpital occupent une bonne partie du film, sans compter les pénibles scènes de souffrance physique et morale des protagonistes, dont on ne nous épargne aucun détail. Poursuivant son travail d'auscultation du corps (et de l'âme) entrepris avec INTIMACY (2001) au moyen d'une caméra indiscrète et d'un montage serré, le réalisateur mène une étude psychologique intense et fouillée gravitant autour de l'acceptation ou du refus de la maladie, de la mort et de la différence, ainsi que des répercussions des choix opérés face à ces réalités. De fait, le caractère du malade est présenté de telle façon que le spectateur n'éprouve pas nécessairement de sympathie à son égard. La mise en scène, sans fioritures, sert parfaitement le récit, tandis que la prestation des deux acteurs principaux s'avère d'un réalisme saisissant. Bruno Todeschini est même allé jusqu'à se plier à une diète sévère qui l'a plongé dans l'état physique et mental qu'exigeait son personnage. Face à lui, Éric Caravaca incarne avec sobriété un Luc fragile à souhait.
Texte : Jean Beaulieu