L’AVIS DE MEDIAFILM

Les documentaires réussis suscitent souvent plus de questions qu'ils n'apportent de réponses. Alors que tous étaient convaincus de la culpabilité d'Arnold Friedman et de son fils Jesse, le cinéaste Andrew Jarecki soulève bien des doutes dans CAPTURING THE FRIEDMANS. En plus de relater l'arrestation des deux accusés en 1987, Jarecki dresse le portrait d'une famille apparemment normale mais démontre à quel point les apparences peuvent être trompeuses. Dans les nombreux films amateurs d'abord tournés par Arnold et ensuite par David, nous assistons à l'inéluctable éclatement de ce clan où les trois frères (l'un d'eux, Seth, a refusé de participer au documentaire) se rangent résolument du côté du père et victimisent leur mère Elaine, jugée déséquilibrée. Cette impressionnante somme de documents audiovisuels, où l'on assiste à des moments amusants mais aussi à d'autres beaucoup plus tendus qui font parfois du spectateur un véritable voyeur, ajoute à la complexité de cette affaire judiciaire. Les témoignages des membres de la famille, captés sur le vif à l'époque du drame ou plus d'une décennie après, tout comme ceux des représentants de la justice, se contredisent à plusieurs occasions, dévoilant ainsi les déchirements derrière ce fait divers aux allures de drame shakespearien.

Texte : André Lavoie