All. 2003. Drame de Margarethe von Trotta avec Katja Riemann, Maria Schrader, Jürgen Vogel. À la mort de son mari, une New-Yorkaise se remet à pratiquer sa religion juive, un comportement lié à un moment tragique de son enfance à Berlin en 1943. Récit oscillant entre deux époques, prenant la forme d'une enquête. Évocation d'un épisode méconnu de l'histoire allemande. Mise en scène empreinte de sobriété. Interprétation bouleversante de K. Riemann.
À la mort de son mari, une New-Yorkaise se remet à pratiquer sa religion juive, un comportement lié à un moment tragique de son enfance à Berlin en 1943. Récit oscillant entre deux époques, prenant la forme d'une enquête. Évocation d'un épisode méconnu de l'histoire allemande. Mise en scène empreinte de sobriété. Interprétation bouleversante de K. Riemann.
Depuis la sortie de LA PROMESSE en 1995, Margarethe Von Trotta travaillait exclusivement pour la télévision; ROSENSTRASSE marque ainsi son retour au cinéma. Ce nouveau film s'inscrit dans la continuité de sa démarche, célébrant la ténacité des femmes allemandes que l'histoire semble trop souvent négliger. En plus de recréer un épisode méconnu de la Deuxième Guerre mondiale, la seule manifestation publique à Berlin de femmes d'origine aryenne contre le régime nazi, l'auteure décrit aussi ses répercussions sur la destinée de celles qui ont pris part à cette opposition farouche mais non violente. Se voulant une dénonciation du silence qui a entouré cet événement, le film est construit sous la forme d'une enquête, prétexte à de nombreux retours en arrière. Ceux-ci illustrent la dignité des manifestantes, surtout à travers le combat du personnage d'aristocrate déchue magnifiquement interprété par Katja Riemann, donnant du coup un portrait plus nuancé des tiraillements de la société allemande face à l'antisémitisme prôné par Hitler. Empreint de classicisme dans le traitement, ce drame sobre illustre l'importance de la connaissance du passé pour comprendre les dérives du présent.
Texte : André Lavoie