Fr. 2003. Drame de moeurs de Anne Fontaine avec Fanny Ardant, Emmanuelle Béart, Gérard Depardieu. Une gynécologue engage une prostituée de luxe qui devra séduire son mari infidèle et lui raconter ensuite leurs ébats. Essai inégal de renouvellement d'un sujet connu, fondé sur la puissance érotique du langage. Récit elliptique au dénouement assez prévisible. Réalisation d'une élégance glacée. Interprétation relevée.
Une gynécologue engage une prostituée de luxe qui devra séduire son mari infidèle et lui raconter ensuite leurs ébats. Essai inégal de renouvellement d'un sujet connu, fondé sur la puissance érotique du langage. Récit elliptique au dénouement assez prévisible. Réalisation d'une élégance glacée. Interprétation relevée.
Avec NATHALIE..., Anne Fontaine poursuit sa dissection des moeurs de la bourgeoisie française entamée avec COMMENT J'AI TUÉ MON PÈRE, tout en proposant une nouvelle variation sur le triangle amoureux, après celle de son dérangeant NETTOYAGE À SEC. Fondé sur la puissance érotique du langage (la cinéaste ayant fait appel à la plume de la romancière québécoise et ex-prostituée Nelly Arcan), le récit elliptique apparaît dans un premier temps original et audacieux. Mais par la suite, on s'aperçoit que l'exercice est plutôt superficiel, les relations entre les personnages manquant nettement de vérité psychologique. En outre, le coup de théâtre final n'est franchement pas difficile à deviner et rend rétrospectivement décevants certains parti pris narratifs qui semblaient de prime abord innovateurs. Tout cela est tourné de façon très léchée, bien que l'élégance glacée des images tende à créer une distance émotive avec le spectateur. Heureusement, l'interprétation est très relevée. Emmanuelle Béart fait montre de beaucoup d'aplomb et de sensualité dans un rôle exigeant, face à une Fanny Ardant intense et sensible. Entre ces deux admirables actrices, le toujours talentueux Gérard Depardieu joue avec intelligence la carte de la sobriété.
Texte : Louis-Paul Rioux