Fr. 2003. Comédie dramatique de François Dupeyron avec Omar Sharif, Pierre Boulanger, Gilbert Melki. Dans les années 1960 à Paris, un adolescent juif laissé à lui-même se lie d'amitié avec un vieux musulman qui lui fait découvrir la vie. Récit truffé de bons sentiments adapté d'un roman d'Éric-Emmanuel Schmitt. Références au cinéma français d'antan dans le traitement. Aspects artificiels atténués par une mise en scène discrète. Belle complicité des deux acteurs principaux.
Dans les années 1960 à Paris, un adolescent juif laissé à lui-même se lie d'amitié avec un vieux musulman qui lui fait découvrir la vie. Récit truffé de bons sentiments adapté d'un roman d'Éric-Emmanuel Schmitt. Références au cinéma français d'antan dans le traitement. Aspects artificiels atténués par une mise en scène discrète. Belle complicité des deux acteurs principaux.
Ce film présente une version inversée de l'équation juive/musulmane que l'on retrouvait dans LA VIE DEVANT SOI (1977) du réalisateur Moshe Mizrahi. Qui plus est, dans les deux oeuvres, le jeune protagoniste porte le surnom de Momo. Or, bien qu'il souffre quelque peu de la comparaison avec le très beau film de Mizhari, celui de François Dupeyron dégage son propre charme. Bénéficiant d'un travail ultra soigné, de la direction artistique au jeu des seconds rôles, MONSIEUR IBRAHIM rend hommage à sa façon au cinéma français d'antan, par son traitement teinté de réalisme poétique et ses allusions à la Nouvelle Vague, notamment au MÉPRIS de Jean-Luc Godard. Cependant, l'ensemble se trouve vite plombé par les bons sentiments et certains clichés. Pourtant, sans nous captiver tout à fait, le récit finit par émouvoir. Sans doute est-ce dû à la discrétion de la mise en scène, qui atténue suffisamment l'aspect artificiel des figures dramatiques imposées pour permettre de faire surgir quelques moments d'humanité plus sentis, surtout lors de la visite de la mère de Momo et durant le séjour en Turquie. Si l'apparition stellaire d'Isabelle Adjani demeure sans conséquence, le jeu complice du vénérable Omar Sharif et du jeune Pierre Boulanger se laisse pleinement apprécier.
Texte : Jean Beaulieu