Rus. 2003. Drame psychologique de Andrei Zviaguintsev avec Ivan Dobronravov, Vladimir Garine, Konstantin Lavronenko. De retour après douze ans d'absence, un homme part quelques jours en voyage de pêche avec ses deux fils adolescents. Récit énigmatique empruntant plusieurs voies imprévues. Sens poétique de l'image. Climat de sourde violence. Réalisation assurée. Interprétation criante de vérité.
De retour après douze ans d'absence, un homme part quelques jours en voyage de pêche avec ses deux fils adolescents. Récit énigmatique empruntant plusieurs voies imprévues. Sens poétique de l'image. Climat de sourde violence. Réalisation assurée. Interprétation criante de vérité.
Lion d'Or surprise à la Mostra de Venise, ce film révèle un nouveau talent, issu du clip publicitaire, dans un pays où la production cinématographique, autrefois si riche, connaît une grave crise d'identité. C'est peut-être pourquoi le thème de la figure paternelle semble hanter le cinéma russe actuel qui, pour la seule année 2003, compte trois films traitant des relations père-fils: KOKTEBEL de Boris Khlebnikov et Alexei Popogrebski, PÈRE ET FILS d'Alexandre Sokourov et LE RETOUR, premier long métrage d'Andrei Zviaguintsev. Le réalisateur propose un récit énigmatique empruntant tour à tour des voies imprévues: confrontation mythique entre frères, amorce de polar, voyage initiatique, road-movie, etc. À une illustration aux partis pris esthétiques parfois un peu trop voyants, le cinéaste d'origine sibérienne ajoute un sens de la poésie indéniable. Magnifiquement photographiés, les décors naturels participent littéralement à l'action, contribuant à la création d'un climat de sourde violence susceptible de déstabiliser le spectateur, tandis que des dialogues minimalistes ramènent l'intrigue à son essence dramatique. Enfin, le jeu criant de vérité des deux jeunes acteurs, à leurs débuts au cinéma, crée une chimie fort intéressante avec le comédien adulte, lui aussi très convaincant.
Texte : Jean Beaulieu