Aust. 2003. Drame psychologique de Rolf De Heer avec Gary Sweet, Helen Buday, Bogdan Koca. À l'occasion de l'anniversaire de son mari, une mère de famille lui prépare une surprise bien particulière. Autopsie grinçante de l'échec d'une relation conjugale. Tension dramatique habilement installée. Mise en scène directe et précise. Interprétation sans faille.
À l'occasion de l'anniversaire de son mari, une mère de famille lui prépare une surprise bien particulière. Autopsie grinçante de l'échec d'une relation conjugale. Tension dramatique habilement installée. Mise en scène directe et précise. Interprétation sans faille.
Cinéaste peu connu hors du circuit des festivals, Rolf de Heer a pourtant réalisé une bonne dizaine de films, la plupart traitant de sujets controversés ou délicats (BAD BOY BUBBY, DANCE ME TO MY SONG). ALEXANDRA'S PROJECT ne fait pas exception, le cinéaste y procédant à l'autopsie grinçante et cynique d'une relation conjugale sur le déclin. Et en prenant davantage le parti de l'épouse humiliée, l'auteur livre un message non équivoque aux hommes de sa génération. Exploitant à bon escient la légèreté et les limites de la vidéo, le réalisateur réussit, avec une étonnante économie de moyens et un scénario en béton, à installer une tension dramatique qui s'intensifie avec la progression du récit, lequel est alimenté par de nombreux effets de surprise. La réalisation directe et précise rappelle, par son climat d'une froideur pénétrante et d'une violence sourde et incisive, la facture des premiers longs métrages d'Atom Egoyan, en particulier FAMILY VIEWING. En outre, cette oeuvre singulière joue de façon astucieuse sur une mise en abyme, le mari devenant un spectateur dans le film, tandis que sa femme s'attribue le rôle d'acteur-metteur en scène. Au prix d'un duel épique, les deux comédiens principaux livrent des prestations sans faille, surtout Helen Buday, remarquable dans un rôle à la fois machiavélique et libérateur.
Texte : Jean Beaulieu