L’AVIS DE MEDIAFILM

Chez John Grisham, la défense de grandes causes devant les tribunaux sert souvent de prétexte pour opposer avec manichéisme l'intégrité juridique aux forces de la corruption. Cette nouvelle adaptation installe au banc des accusés le lobby des armes à feu (au lieu de celui du tabac, comme dans le roman). Cependant, l'intérêt principal de l'intrigue réside dans le chantage en coulisses qu'exercent des personnages parfois fascinants pour s'approprier d'avance le verdict du procès. Il faut dire que Gene Hackman brille de tous ses feux dans un rôle qui rappelle une version machiavélique de l'as de l'espionnage sonore qu'il incarnait dans THE CONVERSATION. D'autre part, les intentions du juré et de sa complice demeurent suffisamment intrigantes pour nourrir l'intérêt du spectateur. Reste que les spectaculaires tactiques d'intimidation déployées par le consultant pour arriver à ses fins inscrivent davantage RUNAWAY JURY au rang du divertissement efficace qu'à celui de la polémique. Ce que confirme la réalisation, dynamique mais conventionnelle, qui cumule les épisodes percutants sans se soucier de vraisemblance. Par ailleurs, on regrette le schématisme du personnage de l'avocat de la poursuite, qui s'avère indigne du talent de Dustin Hoffman, même si celui-ci s'en tire avec habileté, comme tous les autres interprètes.

Texte : Jean-Philippe Gravel