Can. 2003. Drame de moeurs de Scott Smith avec Callum Keith Rennie, Katharine Isabelle, Monté Gagné. En 1969, dans une banlieue de Toronto, les tribulations de trois soeurs aux prises avec un père autoritaire et une mère dépressive. Scénario bien construit, d'après le roman de Barbara Gowdy. Portrait subtil d'une famille disloquée par l'occultation d'un deuil. Humour sardonique. Réalisation évocatrice. Interprétation relevée.
En 1969, dans une banlieue de Toronto, les tribulations de trois soeurs aux prises avec un père autoritaire et une mère dépressive. Scénario bien construit, d'après le roman de Barbara Gowdy. Portrait subtil d'une famille disloquée par l'occultation d'un deuil. Humour sardonique. Réalisation évocatrice. Interprétation relevée.
En 1996, Lynne Stopkewich réalise KISSED, un film plutôt froid et prétentieux, d'après un roman de Barbara Gowdy. Adaptant à son tour cette auteure, Scott Smith (ROLLERCOASTER) opte pour un traitement plus accessible et un humour souvent sardonique pour mieux faire passer les éléments dérangeants ou scabreux de ce portrait subtil d'une famille disloquée par l'occultation d'un deuil. Le scénario entremêle avec fluidité les tribulations des trois soeurs, tout en évoquant périodiquement un événement traumatisant de leur enfance, un séjour familial de deux semaines dans un abri antinucléaire, imposé par leur père alors obsédé par le péril rouge. Sans être particulièrement inventive, la réalisation demeure attentive aux personnages et propose une reconstitution d'époque crédible. D'ailleurs, Smith parvient à faire ressentir l'étouffement d'un carcan familial hérité de l'après-guerre, sur le point de voler en éclats sous l'effet du vent de changement libérateur de la fin des années 1960. En père tyrannique mais émotivement brisé, Callum Keith Rennie impose une forte présence, tandis que Miranda Richardson réussit à être touchante dans un rôle pourtant effacé. Mais la palme revient à Katharine Isabelle, Monté Gagné et Kristine Adams, toutes trois formidables dans les rôles des filles de ces parents profondément névrosés.
Texte : Louis-Paul Rioux