Can. 2003. Thriller de Norman Jewison avec Michael Caine, Tilda Swinton, Jeremy Northam. Dans les années 1990, une juge pourchasse un ex-milicien du régime de Vichy accusé de crimes contre l'humanité, qui jouit toujours de la protection de l'Église. Suspense politique au sujet captivant, mais développé sans le souffle souhaité. Personnages peu approfondis. Traitement soigné mais impersonnel. Composition intéressante de M. Caine.
Dans les années 1990, une juge pourchasse un ex-milicien du régime de Vichy accusé de crimes contre l'humanité, qui jouit toujours de la protection de l'Église. Suspense politique au sujet captivant, mais développé sans le souffle souhaité. Personnages peu approfondis. Traitement soigné mais impersonnel. Composition intéressante de M. Caine.
C'est dans la foulée d'AMEN, qui dénonçait le silence du Vatican face aux atrocités nazies, que s'inscrit THE STATEMENT. En effet, le film de Norman Jewison semble répondre à la même intention de fustiger, par le biais d'un récit captivant présenté comme une course contre la montre, l'impunité dont ont longtemps joui certains criminels de guerre grâce à la protection d'institutions religieuses ou politiques. Aussi garde-t-on à l'esprit la capture, à la fin de leur vie, de Maurice Papon et de Paul Touvier (qui échappa longtemps à la justice en se cachant dans des monastères) en assistant à la traque d'un criminel diminué par l'âge dont Michael Caine rend bien les couleurs pathétiques (en particulier dans une scène où il n'hésite pas à chercher l'absolution d'un prêtre après avoir tué de sang froid l'assassin lancé à ses trousses). Mais l'idée de construire un suspense autour d'une figure aussi antipathique ne va pas sans en désamorcer l'efficacité, d'autant plus que la mise en scène de Jewison, rendue impersonnelle notamment par l'utilisation de la langue anglaise par ses personnages français, semble ici manquer de souffle. Quant aux personnages interprétés par les talentueux Tilda Swinton et Jeremy Northam, ils s'avèrent trop peu développés pour ajouter quelque impact à ce film bien intentionné, mais qui se regarde avec indifférence.
Texte : Jean-Philippe Gravel