Fr. 2003. Drame de moeurs de Catherine Breillat avec Amira Casar, Rocco Siffredi, Alexandre Belin. Pendant quatre nuits, une jeune femme paie un homosexuel pour qu'il l'observe dans son intimité physique et spirituelle la plus profonde. Conte ambigu sur les rapports entre la sexualité et la mort. Atmosphère à la fois érotique et onirique. Réalisation feutrée. Interprétation inégale.
Pendant quatre nuits, une jeune femme paie un homosexuel pour qu'il l'observe dans son intimité physique et spirituelle la plus profonde. Conte ambigu sur les rapports entre la sexualité et la mort. Atmosphère à la fois érotique et onirique. Réalisation feutrée. Interprétation inégale.
Adaptant à l'écran son propre roman, d'où la teinte littéraire conférée à son film par une voix-off (la sienne) très présente, Catherine Breillat, l'auteure controversée de ROMANCE et À MA SOEUR, explore à nouveau les méandres de la condition sexuelle des femmes sous ses aspects les plus secrets, les plus intimes. Cultivant son goût de la provocation, elle maintient le récit sur le fil du rasoir entre l'introspection et une violence latente, tant physique que verbale, tout en caressant les limites de l'obscénité et de l'immoralité à travers plusieurs scènes crues. Brandissant la blanche nudité de son actrice comme une oriflamme, Breillat théorise à satiété sur les rapports entre la sexualité et la mort ainsi que sur la représentation de certains tabous à l'écran. Il en découle un huis clos ambigu et distancié, qui jouit d'une mise en scène plutôt feutrée dispensant des images d'une beauté plastique rappelant celles des oeuvres picturales de la Renaissance. Si Amira Casar livre une prestation à la fois agressive et vulnérable dans son offrande d'âme et de chair, le jeu de Rocco Siffredi apparaît cependant maladroit, froid et figé. Baignant dans une atmosphère à la fois érotique et onirique, ANATOMIE DE L'ENFER nous convie à un bien particulier voyage au bout de la nuit.
Texte : Jean Beaulieu