L’AVIS DE MEDIAFILM

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jean Veber aura beaucoup de croûtes à manger avant d'égaler la précision et l'efficacité de son père, le scénariste et réalisateur Francis Veber. Le cinéaste débutant a eu la sagesse de ne pas marcher dans les brisées de son illustre paternel, passé maître dans l'art de la comédie bien huilée (LES COMPÈRES, LE DÎNER DE CONS, LE PLACARD). Il propose plutôt un polar classique à base de tueur en série, qui prend des airs de thriller psychologique saupoudré de fantastique. Les dialogues renferment à l'occasion un humour ironique assez efficace et les divers pollueurs sont mis à mort de façon assez imaginative. Mais ces quelques bonnes idées sont noyées dans un ensemble informe, qui ne parvient pas à trouver le ton juste, la réalisation hésitant constamment entre les différents genres convoqués par l'auteur. Le scénario peu rigoureux accumule les développements forcés, tandis que d'autres sont laissés en plan, notamment l'enlèvement de la copine infidèle du flic. Ainsi, les scènes s'empilent sans véritable montée dramatique, jusqu'à un affrontement final qui se voudrait troublant, en raison de l'amitié ambiguë entre les deux héros, mais qui s'avère plutôt long et lassant. Vincent Perez fait montre d'une belle intensité, face à un Guillaume Depardieu étonnamment peu crédible en enquêteur.

Texte : Louis-Paul Rioux