L’AVIS DE MEDIAFILM

Barbara Willis Sweete a réalisé plusieurs films d'art dans lesquels la musique classique tient une grande place. Il n'est donc pas surprenant que pour son premier long métrage, elle traite du destin d'une cantatrice, aux prises avec les fantômes de son passé. Hélas, malgré toute sa bonne volonté, la réalisatrice n'est pas parvenue à rendre vraiment émouvant et même convaincant ce récit un peu mélo aux airs de déjà-vu. Dès le départ, le film révèle dans des flashs insuffisamment allusifs la teneur du drame qui a jadis traumatisé les deux femmes. Et inversement, au dénouement, la reconstitution attendue des événements de la soirée fatidique est illustrée de façon trop retenue. Par conséquent, ce moment crucial perd de son impact dramatique et la catharsis vécue par les protagonistes n'émeut pas autant que prévu. Par ailleurs, le récit navigue constamment entre trois époques différentes, et il n'est pas rare que les images illustrant des souvenirs d'enfance se fondent dans celles du présent, provoquant de jolis effets poétiques au sein d'une mise en scène somme toute plus appliquée qu'inventive. Barbara Williams et Wendy Crewson jouent avec beaucoup d'intensité et de conviction, tandis que les actrices qui interprètent leurs personnages plus jeunes se débrouillent très bien, même si elles leur ressemblent assez peu physiquement.

Texte : Louis-Paul Rioux