Fr. 2002. Drame de moeurs de Claude Chabrol avec Nathalie Baye, Benoît Magimel, Suzanne Flon. Dans le Bordelais, une candidate à la mairie est éclaboussée par un tract anonyme révélant de troublants secrets sur sa famille bourgeoise. Peinture de moeurs féroce adoptant un ton détaché. Dialogues parfois trop révélateurs. Mise en scène précise et élégante. Bons interprètes.
Dans le Bordelais, une candidate à la mairie est éclaboussée par un tract anonyme révélant de troublants secrets sur sa famille bourgeoise. Peinture de moeurs féroce adoptant un ton détaché. Dialogues parfois trop révélateurs. Mise en scène précise et élégante. Bons interprètes.
Poursuivant sa fructueuse collaboration avec la scénariste et psychanalyste Caroline Eliacheff (LA CÉRÉMONIE, MERCI POUR LE CHOCOLAT), Claude Chabrol livre une autre de ces féroces radiographies de la bourgeoisie de province dont il a le secret, en explorant cette fois le sentiment de culpabilité et sa possible transmission de génération en génération. Voilà à n'en point douter un sujet fort troublant qui possède un potentiel dramatique certain. Cependant, en vieux routier qui n'a plus rien à prouver, Chabrol aborde ce thème de façon détachée, sans jamais jouer avec les ficelles du polar psychologique et en éludant presque d'entrée de jeu tout mystère. Reste une description vénéneuse d'une famille en apparence fort respectable, mais dont le passé recèle de lourds secrets ainsi qu'une tradition d'inceste bien implantée. Le problème, c'est que les personnages eux-mêmes, surtout les plus jeunes, sont trop conscients de faire partie d'un cycle tragique dans lequel le passé et le présent se confondent, allant même jusqu'à commenter leurs actes dans des dialogues qui s'avèrent un peu trop transparents. Néanmoins, la mise en scène est précise et profite de mouvements de caméra subtils et évocateurs. Les interprètes sont tous convaincants, y compris Bernard Le Coq, pourtant aux prises avec un personnage de salaud peu nuancé.
Texte : Louis-Paul Rioux