L’AVIS DE MEDIAFILM

Campée dans un contexte de morosité propice à la mélancolie et à la déprime, cette histoire d'adultère sur fond de mort mystérieuse et de méprise judiciaire s'avère plutôt inaboutie, tant sur le plan des enjeux dramatiques que de l'étude des personnages. L'intrigue, qui rappelle tout à la fois les films noirs américains, le néoréalisme italien et le réalisme poétique français, semble surtout servir de prétexte à l'élaboration d'une ambiance cafardeuse assez envoûtante, sur fond de paysages industriels ou portuaires photographiés avec un sens marqué de la composition. Il ne fait aucun doute que le réalisateur fait preuve d'ambition, notamment sur le plan du montage, s'efforçant de déconstruire le fil narratif du récit afin de créer un certain mystère. En outre, le film réussit à capturer une certaine dérive existentielle qui cadre parfaitement avec l'époque évoquée. L'ensemble demeure toutefois un peu léthargique, surtout dans sa façon de dépeindre les relations entre les personnages et leurs motivations. Les dilemmes moraux auxquels le protagoniste se retrouve confronté sont ainsi étudiés de façon plutôt schématique, sacrifiés en fait à la volonté du cinéaste de créer une oeuvre d'atmosphère. Des interprètes de grand talent se soumettent à une direction d'acteurs très contrôlée et tout en retenue.

Texte : Martin Girard