L’AVIS DE MEDIAFILM

Dans son premier film, la comédie de moeurs THE BROTHERS, Gary Hardwick ciblait essentiellement le public noir, en se penchant sur les tribulations amoureuses d'une bande de yuppies appartenant à ce groupe ethnique. Creusant le même sillon, Hardwick offre maintenant dans DELIVER US FROM EVA une version afro-américaine de «La Mégère apprivoisée». En fait, à l'instar de 10 THINGS I HATE ABOUT YOU, l'intrigue reprend surtout l'idée centrale de la pièce de Shakespeare, à savoir payer un séducteur pour venir à bout d'une femme revêche. Par conséquent, les personnages s'avèrent bien peu sympathiques, pas plus le playboy cynique allié à un trio de machos que la harpie frustrée qui infantilise ses soeurs, aux prises avec un manque de caractère patent. Curieusement, DELIVER US FROM EVA débute avec les obsèques du personnage de Ray, qui agit à titre de narrateur, donnant ainsi au film des airs de SUNSET BOULEVARD. Mais cette impression s'évanouit en réalisant que tout cela n'était qu'un coup monté, un développement forcé et mal scénarisé qui met encore plus en évidence le caractère convenu de cette romance mise en scène sans grand éclat. En outre, les personnages secondaires offrent un jeu caricatural plutôt agaçant, qui contraste avec les performances plus sensibles des deux vedettes.

Texte : Louis-Paul Rioux