É.-U. 2002. Drame biographique de Paul Schrader avec Greg Kinnear, Willem Dafoe, Rita Wilson. Un comédien de sitcom qui projette en public l'image d'un modèle de vertu mène en réalité une vie centrée sur le sexe et la pornographie. Scénario au ton ironique inspiré de la vie de l'acteur Bob Crane. Portrait évocateur des paradoxes moraux de la société américaine. Réalisation expressive. Très bons interprètes.
Un comédien de sitcom qui projette en public l'image d'un modèle de vertu mène en réalité une vie centrée sur le sexe et la pornographie. Scénario au ton ironique inspiré de la vie de l'acteur Bob Crane. Portrait évocateur des paradoxes moraux de la société américaine. Réalisation expressive. Très bons interprètes.
Avec sa fascination habituelle pour les paradoxes qui tissent la fibre morale de l'Amérique, Paul Schrader adopte un style détaché pour raconter la pathétique histoire de cette vedette du petit écran. Bob Crane projetait dans le public une image de bon père de famille, véritable modèle de vertu. Mais s'il faut en croire ce film, le comédien trompait sa femme à grands coups d'orgies presque quotidiennes. Schrader et son scénariste ne sont pas insensibles aux éléments ironiques contenus dans ce récit. Mais si le traitement s'avère parfois humoristique et même léger, l'ensemble menace toujours de basculer dans le sordide, créant ainsi une tension qui s'accentue au fur et à mesure que la carrière du héros décline. Suivant cette trajectoire, la réalisation se montre lumineuse et vivante dans la première partie, située dans les années 1960, tandis qu'elle se veut claustrophobique et sombre dans les scènes qui suivent. Le cinéaste ne maîtrise pas toujours ses effets, mais le résultat demeure dans l'ensemble efficace, et ce malgré un scénario parfois répétitif et anecdotique qui a tendance à survoler les situations plutôt que de les approfondir. Greg Kinnear rend à merveille son personnage à la fois candide et débauché, tandis que Willem Dafoe s'impose sans difficulté dans le rôle de son compagnon au caractère ambigu.
Texte : Martin Girard