L’AVIS DE MEDIAFILM

Ce récit d'une extravagante auto-réflexivité est un véritable labyrinthe narratif tapissé de miroirs où se reflètent divers pans de réalité et d'espace-temps. L'intrigue valse entre le présent et le passé (simple ou antérieur) et se permet de fréquents dérapages dans l'esprit du protagoniste. Le film adopte une structure en abyme très ludique, qui invite le spectateur à découvrir le processus d'écriture dudit film, lequel est basé sur un livre dont le scénario raconte en parallèle la genèse. Difficile de s'y retrouver? Pas du tout, car Charlie Kaufman a fort habilement structuré cet enchevêtrement d'intrigues qui font passer le spectateur de la comédie satirique la plus incisive au drame violent le plus inattendu. D'aucuns pourront trouver le projet nombriliste et prétentieux. Mais le résultat donne surtout l'impression d'une oeuvre qui pose un regard intérieur et impudique sur les angoisses existentielles d'un créateur en crise. Quoiqu'il en soit, le film fourmille de trouvailles ingénieuses, non seulement dans l'écriture, mais aussi dans l'illustration très adroite de Spike Jonze, qui a collaboré précédemment avec Kaufman sur BEING JOHN MALKOVICH. Nicolas Cage accomplit un véritable tour de force d'interprétation dans le double rôle des frères Kaufman. Et ses partenaires, tous pétris de talent, ne sont pas en reste.

Texte : Martin Girard