L’AVIS DE MEDIAFILM

Stephen Gaghan, le scénariste acclamé de TRAFFIC, fait des débuts pour le moins décevants à la réalisation, offrant un thriller convenu qui ne parvient jamais vraiment à lever ni à créer un quelconque climat d'angoisse. Tourné à Montréal, en grande partie sur le campus de l'université McGill, ABANDON possède une facture standard, proche de celle d'un téléfilm. À sa décharge, Gaghan n'avait pas l'intention de réaliser lui-même le film, mais il a accepté lorsqu'Edward Zwick s'est désisté au dernier moment. Sauf que même au plan scénaristique, l'ensemble ne fonctionne pas, le récit accumulant les incohérences et les clichés. Le thème central de l'abandon, l'héroïne ne s'étant jamais remise du départ de son père lorsqu'elle était enfant, est traité de façon peu subtile. Par ailleurs, on ne sent pas toujours la pression académique presque inhumaine qui s'exerce sur l'étudiante. Il faut dire que pour incarner cette dernière, Katie Holmes a opté pour la sobriété, ce qui a toutefois pour effet d'éteindre son jeu au lieu de le rendre plus intense. À ses côtés, Benjamin Bratt fait montre de plus de présence, même si son personnage est trop peu développé. Restent Zooey Deschanel et Melanie Linskey qui, dans des rôles secondaires, s'approprient les dialogues les plus mordants ou les plus étonnants du film.

Texte : Louis-Paul Rioux