L’AVIS DE MEDIAFILM

Comme dans son premier long métrage, SLACKER, Richard Linklater offre ici une oeuvre déambulatoire constituée d'un chapelet de courts instants dans l'existence de plusieurs personnages. Ceux-ci entrent et sortent du film au gré des mouvances capricieuses d'une intrigue qui, à l'instar des rêves, ne se soumet à aucune logique linéaire. L'auteur flirte avec une foule de thèmes philosophiques et scientifiques sur l'existence et la relativité de la conscience, des thèmes souvent profonds, mais abordés sur un ton badin, à la manière d'un Godard qui se ferait son petit cinéma d'animation. Toutefois, la grande originalité de WAKING LIFE tient dans sa réalisation. Linklater a d'abord filmé ses scènes avec des acteurs au moyen d'une caméra vidéo. Il a ensuite utilisé une nouvelle technique numérique de rotoscopie lui permettant de dessiner par-dessus ses comédiens. Il en résulte un film d'animation où les personnages sont parfois d'un réalisme absolu dans leurs mouvements et l'expression de leur visage, tout en étant profondément stylisés. Les décors sont également soumis à un traitement d'incessants glissements de perspective, donnant au film l'allure d'un voyage hallucinatoire peu banal pourtant construit à même des éléments très réels.

Texte : Martin Girard