Fr. 2001. Drame policier de Cédric Kahn avec Stefano Cassetti, Isild Le Besco, Patrick Dell'Isola. Pendant qu'il accumule de graves délits en France, un jeune parricide italien s'éprend d'une lycéenne naïve. Intrigue basée sur des faits réels. Portrait psychologique confondant. Réalisation volontairement neutre. Composition saisissante de S. Cassetti.
Pendant qu'il accumule de graves délits en France, un jeune parricide italien s'éprend d'une lycéenne naïve. Intrigue basée sur des faits réels. Portrait psychologique confondant. Réalisation volontairement neutre. Composition saisissante de S. Cassetti.
ROBERTO SUCCO n'est pas un film policier ordinaire. Il y a bien une enquête, mais le réalisateur, sans aller dans l'abstraction métaphysique d'une oeuvre comme L'HUMANITÉ de Bruno Dumont, s'emploie davantage à illustrer les comportements bizarres du protagoniste, ce qui amène parfois des développements inattendus. La construction du film ressemble à une mosaïque de moments glanés dans la vie sentimentale du criminel, de témoignages servant à faire progresser l'enquête et de séquences «d'action», lorsque Succo commet ses forfaits. En ce sens, ces scènes offrent un portrait révélateur bien que confondant du personnage principal, sans jamais en faire l'apologie. À partir d'une intrigue basée sur des faits réels, Kahn, à l'aide d'une mise en scène volontairement neutre, cherche à pénétrer l'univers psychologique du criminel mythomane en suivant sa trace, la plupart du temps entre ses méfaits. D'ailleurs, on ne voit qu'un seul meurtre se produire (celui où il y avait des témoins); tous les autres ne sont présentés qu'après coup, et parfois uniquement sur photos de coroner. Ce qui n'enlève aucunement à l'oeuvre son caractère violent. Dans le rôle-titre, le non-professionnel Stefano Cassetti offre une composition saisissante d'un être tourmenté et fascinant.
Texte : Jean Beaulieu