G.-B. 2001. Drame de moeurs de Lynne Ramsay avec Samantha Morton, Kathleen McDermott, Raife Patrick Burchell. À la suite du suicide de son petit ami, une jeune Écossaise désaxée part en voyage en Espagne avec une copine. Récit insolite prenant l'allure d'une rêverie éveillée. Atmosphère souvent glauque. Touches poétiques. Réalisation évocatrice. Interprétation nuancée de S. Morton.
À la suite du suicide de son petit ami, une jeune Écossaise désaxée part en voyage en Espagne avec une copine. Récit insolite prenant l'allure d'une rêverie éveillée. Atmosphère souvent glauque. Touches poétiques. Réalisation évocatrice. Interprétation nuancée de S. Morton.
Au demeurant plutôt mince, ce récit insolite est prétexte à une création d'atmosphère souvent glauque et pénétrante qui vise à nous plonger dans l'état d'esprit presque catatonique de l'héroïne, au lieu de nous faire comprendre sa psychologie. Pour y parvenir, la réalisatrice adopte rigoureusement le point de vue de celle-ci, sans détachement, invitant ainsi le spectateur à partager ses impressions confuses et sa perception décalée de la réalité. En ce sens, le film prend l'allure d'une rêverie éveillée, aux accents parfois cauchemardesques, une impression renforcée par certains détails bizarres ou macabres. Ce parti pris narratif et stylistique est particulièrement fort dans la première partie, celle se déroulant dans le contexte froid et austère de l'Écosse. L'épisode situé en Espagne apparaît sensiblement moins envoûtant sur le plan de l'atmosphère, moins troublant et finalement moins poétique. Dans l'ensemble toutefois, la réalisation technique demeure très maîtrisée. La cinéaste se montre particulièrement adroite pour créer des images et des ambiances sonores étranges à partir d'éléments au demeurant banals et ordinaires. Pièce maîtresse de ce portrait de femme déroutant, la talentueuse Samantha Morton réussit à exprimer toute une gamme d'émotions à travers un personnage pourtant laconique et opaque.
Texte : Martin Girard