L’AVIS DE MEDIAFILM

Acteur doué et apprécié (TRAVELLER, A SIMPLE PLAN, TITANIC), Bill Paxton fait des débuts à la réalisation qui ne risquent pas de passer inaperçus. Partant de thèmes délicats à manier, le fanatisme religieux et la vulnérabilité des humains face aux forces du Bien et du Mal, Paxton et son scénariste Brent Hanley proposent une oeuvre à la fois très efficace sur le plan dramatique et éminemment ambiguë sur les plans moral et spirituel. Construit sous forme de longs flash-backs, le scénario, d'une précision exemplaire, ne se perd jamais dans des développements superflus et se conclut sur un dénouement aussi inattendu que dérangeant. De plus, une forte tension psychologique émane des scènes où le garçon, forcé de participer aux activités morbides de son père, est déchiré entre le désir de le dénoncer et le respect qu'il continue à lui porter. Épousant la rigueur de l'intrigue, la mise en scène fait montre d'une sobriété étonnante pour ce genre de films. Ainsi, pas une goutte de sang n'éclabousse la caméra et les violences les plus horribles sont toujours filmées hors-champ, contribuant à créer une angoisse peu commune, accentuée par des éclairages très travaillés. En outre, Paxton offre un jeu d'une troublante retenue, son personnage apparaissant toujours comme un père de famille responsable et aimant, et non comme un fou sanguinaire. Le jeune Matt O'Leary livre également une performance prenante.

Texte : Louis-Paul Rioux