Bel. 2000. Comédie dramatique de Pierre-Paul Renders avec Benoît Verhaert, Aylin Yay, Magali Pinglaut. Ne communiquant avec le monde extérieur que par écrans interposés, un agoraphobe s'éprend d'une prostituée pour handicapés. Satire percutante de la société technocratique. Drôlerie mâtinée de détresse psychologique. Traitement original et rigoureux. Interprétation juste.
Ne communiquant avec le monde extérieur que par écrans interposés, un agoraphobe s'éprend d'une prostituée pour handicapés. Satire percutante de la société technocratique. Drôlerie mâtinée de détresse psychologique. Traitement original et rigoureux. Interprétation juste.
Ce sujet se prête on ne peut mieux à un tournage entièrement en caméra subjective, de façon à permettre une identification directe du spectateur avec le héros. Proches parents de Cronenberg et d'Egoyan, les auteurs tiennent leur pari stylistique et esthétique jusqu'au bout. La variété des intervenants, de même que le dosage inventif de drôlerie et de drame, suffisent à maintenir un intérêt constant sans que l'ensemble ne se révèle trop répétitif. Et pour illustrer un monde à la limite de l'anticipation tout en créant une ambiance aliénante, le réalisateur a apporté une attention particulière à la direction artistique ainsi qu'à la texture de l'image, dans laquelle intervient un riche travail d'infographie et d'animation par ordinateur. Sans compter une petite touche de cinéma expérimental introduite par les poèmes vidéo réalisés par une des protagonistes. Les thèmes abordés portent à réfléchir sur notre société technocratique, qui rend toujours plus difficile l'établissement de rapports humains et charnels satisfaisants, d'où le recours croissant aux agences de rencontres et au cybersexe. Tous les interprètes sonnent juste, à commencer par l'acteur principal, dont on n'entend que la voix hors champ.
Texte : Jean Beaulieu