L’AVIS DE MEDIAFILM

Ce nouveau film de Benoît Jacquot déjoue bien des attentes. Ainsi, plutôt que de tracer le portrait prévisible d'un débauché innommable prêt à tout pour assouvir et imposer ses désirs sexuels les plus pervers, Sade dépeint au contraire le Divin Marquis comme un philosophe avant-gardiste profondément épris de liberté, dont les frasques littéraires étaient bien peu de choses en regard des exactions sanglantes de la dictature de Robespierre. Il en ressort une image étonnamment sage de l'écrivain libertin, qui apparaît comme un beau parleur assez fascinant et plutôt attachant. Une interprétation qui ne fera certes pas l'unanimité, mais qui a le mérite de l'originalité. Même la scène cruciale de la défloration de la jeune fille noble fait montre d'une surprenante retenue, hormis une brève image assez crue. Ce parti pris de sagesse se reflète également dans la mise en scène, appliquée et sans grande audace, et la reconstitution d'époque, crédible à défaut d'être très vibrante. Il faut d'ailleurs avouer que si le film est toujours intéressant, il manque par moments de relief. Daniel Auteuil incarne avec autorité et intelligence le célèbre marquis, face à la jeune Isild Le Besco, qui démontre un talent fort prometteur.

Texte : Louis-Paul Rioux