Can. 2000. Science-fiction de Robert Lepage avec Tom McCamus, Tilda Swinton, Sean McCann. Un homme retrouvé mort vit simultanément plusieurs existences parallèles au cours desquelles il tombe amoureux de la même femme. Prémisse séduisante développée de façon décevante. Traitement stylisé et froid. Illustration recherchée. Interprétation dans le ton voulu.
Un homme retrouvé mort vit simultanément plusieurs existences parallèles au cours desquelles il tombe amoureux de la même femme. Prémisse séduisante développée de façon décevante. Traitement stylisé et froid. Illustration recherchée. Interprétation dans le ton voulu.
Dans son quatrième long métrage et le premier qu'il tourne en anglais, Robert Lepage renoue avec l'approche cérébrale et la froideur de ses deux premiers films, LE CONFESSIONNAL et LE POLYGRAPHE. La prémisse de ce nouvel opus était séduisante et possédait un riche potentiel: l'être humain pourrait vivre simultanément plusieurs existences et en avoir la conscience, ce qui lui permettrait d'explorer à fond toutes les facettes de sa personnalité. Or, d'une «vie» à l'autre, le protagoniste reste unidimensionnel, sans évolution manifeste. Qu'il tombe amoureux ou qu'il traverse des moments dramatiques, jamais il n'exprime l'émotion minimale que la situation exigerait. Quoiqu'un peu plus incarné, le personnage féminin pèche également par un excès de distance qui rend difficile toute forme d'empathie de la part du public. L'ensemble est toutefois tourné avec une grande maîtrise formelle et des plans visuellement saisissants viennent à l'occasion relancer l'intérêt du spectateur. Par ailleurs, au sein de dialogues abordant de graves questions philosophiques ou scientifiques, se détachent quelques mots d'esprit de qualité. Le jeu des interprètes s'harmonise bien avec le ton insolite de l'oeuvre.
Texte : Anne-Marie Cloutier