Fr. 2000. Documentaire de Agnès Varda avec François Wertheimer, Agnès Varda. Une cinéaste tente de faire un lien entre la toile de Millet «Les Glaneuses» et des gens qui, par nécessité, par choix ou par hasard, sont aujourd'hui en contact avec les rebuts des autres. Oeuvre brillante et sensible mélangeant réflexions poétiques et étude sociale. Commentaires personnels mâtinés d'un humour savoureux. Réalisation fort souple.
Une cinéaste tente de faire un lien entre la toile de Millet «Les Glaneuses» et des gens qui, par nécessité, par choix ou par hasard, sont aujourd'hui en contact avec les rebuts des autres. Oeuvre brillante et sensible mélangeant réflexions poétiques et étude sociale. Commentaires personnels mâtinés d'un humour savoureux. Réalisation fort souple.
Depuis nombre d'années, Agnès Varda mène de front une double et brillante carrière de cinéaste de fiction et de documentariste. Affectionnant particulièrement l'humour et les touches personnelles, même en traitant de sujets sérieux, elle réussit dans son nouveau film à nous guider dans un dédale quelque peu anarchique de réflexions poétiques, d'étude sociale, d'interviews et de reportage, le tout formant un coq-à-l'âne savoureux et cohérent. Si la toile de Millet lui sert de prétexte pour observer l'évolution et le sens du glanage d'un siècle à l'autre, Varda ne prétend pas faire le tour de la question de la surconsommation; de fait, sans occulter tout le pan gaspillage et exploitation par les nantis, elle s'intéresse plutôt, au gré de son coeur, à des personnes le plus souvent démunies qui font preuve de débrouillardise. Ainsi, la cinéaste favorise les rencontres inopinées avec les gens et les objets. C'est cette liberté de choix dans le tournage, doublée d'une grande souplesse technique et d'une curiosité insatiable, qui permet à l'auteure de Sans toit ni loi d'approcher les gens d'aussi près et, avec une grande humilité, de toucher à l'essentiel. Peu de cinéastes réussissent, comme Varda, à capter film après film et de façon aussi nette l'air du temps.
Texte : Jean Beaulieu