L’AVIS DE MEDIAFILM

Taxé de misogynie et de sadisme, le roman de Bret Easton Ellis a provoqué une immense controverse lors de sa sortie en 1991. Etonnamment, c'est une femme qui a relevé le défi de porter à l'écran ce livre à scandale. Or, on comprend vite ce qui a pu intéresser la réalisatrice dans ce sujet, car American Psycho se présente en fait comme une critique virulente d'une forme de néo-machisme incarnée dans l'attitude méprisante d'un yuppie narcissique, amoral, cynique et misanthrope qui ne peut vivre des émotions (et se sentir vivant) qu'en commettant des crimes sadiques. A travers cette histoire horrifiante, Harron brosse un portrait satirique de la génération des jeunes financiers arrivistes des années 80. Ce discours anti-matérialiste est parfois plus décapant que profond, et il manque un peu de souffle, mais le résultat demeure plus que probant. Sur le plan esthétique, l'oeuvre se révèle une grande réussite. Filmé avec une précision et un contrôle remarquables, le film établit des contrastes saisissants entre le raffinement du milieu évoqué et les actes immondes commis par le protagoniste. Dans ce rôle casse-cou, Christian Bale livre une performance étonnante de vigueur et de maîtrise.

Texte : Martin Girard