L’AVIS DE MEDIAFILM

Scénariste du très célèbre BLADE RUNNER, Hampton Fancher aborde sur le tard sa première réalisation avec un récit d'autant plus terrifiant que l'horreur prend ses racines dans la quotidienneté la plus ordinaire, surgissant sans violence apparente de gestes froidement calculés. Sur le thème "on-ne-sait-jamais-vraiment-à-qui-l'on-a-affaire", Fancher explore de façon singulière le comportement et l'univers mental d'un psychopathe, sans autre explication qu'une voix-off, celle de sa conscience, qui ne renseigne pourtant guère plus sur ce jeune homme à la sexualité refoulée. Néanmoins, ce flou narratif permet de garder le spectateur sur le qui-vive du début à la fin. Autour du protagoniste, campé de façon quasi somnambulesque par Owen Wilson, gravitent divers personnages secondaires, tous interprétés avec une grande justesse de ton. Il en résulte un portrait très lucide de la classe moyenne américaine. À l'image de son antihéros, le réalisateur confère à son film un rythme plutôt nonchalant, supporté par une mise en scène sobre sans recherche formelle particulière.

Texte : Jean Beaulieu