L'avis de Mediafilm

Prenant pour prétexte une intrigue qui pourrait tenir sur le verso d'un timbre-poste, le jeune réalisateur coréen Lee Myung-Se se livre à un détonant mélange de genres, voguant du film noir au western-spaghetti, en passant par la comédie burlesque et le dessin animé. Simultanément, Lee rend hommage à nombre de cinéastes importants, dont Eisenstein, Hitchcock, Peckinpah, Leone et bien sûr John Woo, son maître à penser. La mise en scène s'avère à la fois vigoureuse et variée, empruntant autant au style viril de Woo qu'à celui de Wong Kar-wai dans sa façon de jouer avec les contrastes de couleur et les ralentissements brusques de l'image. Bref, un film «sous influence» qui parvient néanmoins à créer ses atmosphères propres, au gré des changements de saison de cette longue enquête. Mais somme toute, il s'agit d'un divertissement dénué de toute profondeur où la forme prime exagérément sur le fond, et qui peut vite devenir lassant à force de bombardement de clins d'oeil et d'effets de style parfois gratuits. Sans parler de certaines longueurs ici et là. Néanmoins, Park Joong-Hoon offre une composition difficile à oublier, à la fois musclée et goguenarde, avec sa sale gueule au rictus tordu et sa démarche claudicante.

Louis-Paul Rioux