Fr. 1999. Drame de moeurs de Anne Villacèque avec Corinne Debonnière, Jonathan Zaccaï, Laurence Février. Un séducteur désoeuvré et manipulateur épouse une femme au physique ingrat qui vit encore chez ses parents. Récit cruel et pathétique librement inspiré d'un fait divers. Réalisation subtile créant un constant climat de malaise. Rythme lent. Interprétation nuancée.
Un séducteur désoeuvré et manipulateur épouse une femme au physique ingrat qui vit encore chez ses parents. Récit cruel et pathétique librement inspiré d'un fait divers. Réalisation subtile créant un constant climat de malaise. Rythme lent. Interprétation nuancée.
Prenez garde de vous laisser abuser par le titre gentil de ce premier long métrage d'Anne Villacèque. Car il s'agit en fait d'un récit cruel et pathétique, librement inspiré d'un fait divers, qui se déroule dans un environnement d'un conformisme abrutissant. Les démissions successives des parents de l'héroïne font peine à voir, ces braves gens s'imaginant ainsi assurer le bonheur si fragile de leur «petite chérie», qui souffre en silence depuis des années. Il ne faut pas pour autant voir dans le personnage du séduisant opportuniste un individu machiavélique qui prend plaisir à exploiter son prochain. Au contraire, celui-ci est dépeint comme un être tout autant vulnérable et mal dans sa peau, qui a d'ailleurs bien pris la peine d'avertir la protagoniste qu'il n'était pas un homme pour elle. Le récit avance avec une précision exemplaire, dans une mise en scène au rythme délibérément lent, qui parvient avec subtilité à créer un constant climat de malaise chez le spectateur. Dans un rôle peu flatteur, Corinne Debonnière offre une performance courageuse et troublante, face à un Jonathan Zaccaï à la fois détestable et pitoyable. Enfin, on se doit de signaler le jeu touchant de Laurence Février et Patrick Préjean.
Texte : Louis-Paul Rioux