Fr. 1999. Drame psychologique de Bruno Dumont avec Emmanuel Schotté, Séverine Caneele, Philippe Tullier. Un policier de province qui enquête sur le meurtre sordide d'une fillette passe beaucoup de temps avec sa voisine et le petit ami de celle-ci. Propos ambigu. Touches insolites et surréalistes troublantes. Style préconisant de longs plans fixes. Cadrages remarquables. Acteurs très bien dirigés.
Un policier de province qui enquête sur le meurtre sordide d'une fillette passe beaucoup de temps avec sa voisine et le petit ami de celle-ci. Propos ambigu. Touches insolites et surréalistes troublantes. Style préconisant de longs plans fixes. Cadrages remarquables. Acteurs très bien dirigés.
Il est difficile d'endosser le parti pris esthétique d'un cinéaste qui préconise la longue durée de plans fixes pour illustrer son propos, même si cette décision peut devenir libératrice pour les spectateurs désireux d'expier l'hégémonie culturelle du cinéma américain rompu au rythme trépidant. Cependant, la lenteur de l'exécution devient centrale pour exprimer le style de vie rurale et paisible de gens simples qui sont presque tous décrits comme intellectuellement limités. L'auteur s'attarde avec minutie et précision sur les détails de la vie quotidienne, tout en insérant des touches insolites et parfois surréalistes assez troublantes. Le soin apporté au cadrage est remarquable et magnifiquement soutenu par l'extraordinaire photographie. L'ambiguïté du propos pourra en agacer certains, alors que d'autres y verront sans doute une métaphore probante sur l'état de plus en plus inquiétant d'une société en déroute. Entièrement composée d'acteurs non professionnels, la distribution est parfaitement dirigée, le film reposant tout entier sur les frêles épaules et le visage en perpétuelle détresse d'Emmanuel Schotté.
Texte : André Caron