Égy. 1997. Drame historique de Youssef Chahine avec Nour El-Sherif, Laila Eloui, Mahmoud Hémeida. Dans l'Andalousie du XIIe siècle, un philosophe prônant un islam ouvert est persécuté par des intégristes. Exercice de mémoire courageux et nécessaire. Personnages et sous-récits multiples. Traitement délibérément artificiel et naïf. Excellents interprètes.
Dans l'Andalousie du XIIe siècle, un philosophe prônant un islam ouvert est persécuté par des intégristes. Exercice de mémoire courageux et nécessaire. Personnages et sous-récits multiples. Traitement délibérément artificiel et naïf. Excellents interprètes.
A cette violence sanglante engendrée par les intégristes islamistes un peu partout au Maghreb et au Moyen-Orient, l'Egyptien Youssef Chahine répond par la voix pacifique d'un grand film historique populaire et démystificateur. Un exercice de mémoire courageux et nécessaire, qui remonte à l'origine de la rupture de l'islam en deux écoles opposées. Arrimé à une galerie de personnages entre lesquels il va et vient, explorant son thème au moyen d'une quantité de sous-récits qui s'emboîtent, Chahine dessine une trajectoire circulaire qui cerne admirablement les enjeux politiques, religieux et individuels. Par ailleurs, Le Destin emprunte au cinéma-spectacle de De Mille sa reconstitution historique artificielle et sa grammaire datée, et aux romans de Dumas la limpidité du propos et la naïveté des personnages. Chahine joue ainsi la carte de la distanciation, provoquant chez les spectateurs une prise de conscience brutale, qu'une production historique ne suscite habituellement qu'en sourdine. Les excellents interprètes obéissent à cette même consigne par un jeu théâtral aux effets mesurés.
Texte : Martin Bilodeau