Un voyou candide s'éprend de la soeur d'un gangster rival. Mariage original de plusieurs styles. Portrait éclaté de personnages colorés. Mise en scène limitée. Interprètes excellents.
Ce premier film de Bernie Bonvoisin surprend d'abord par sa couleur fellinienne, son mariage original de styles (western, polar et boulevard) et sa liberté de ton et d'esprit, qui jurent dans le paysage du cinéma français actuel. Portrait éclaté d'une réalité monoculturelle (la fin des années 1960) qui n'a plus cours, agrémenté d'une galerie de personnages originaux parlant un langage quasi indéchiffrable, ce WEST SIDE STORY argotique séduit d'emblée. Certes, la mise en scène un peu amorphe paraît déphasée face à ce portrait de romanichels d'un nouveau genre, où la vraisemblance et la profondeur psychologique sont reléguées au second plan. Il en résulte un carrousel de tableaux expressionnistes volontiers provocants et excessifs, mais de courte portée étant donné la superficialité du propos et la complaisance de Bonvoisin face à des situations parfois indécentes sans raison. D'excellents comédiens comblent ces lacunes par un jeu nuancé.
Texte : Martin Bilodeau