Portrait de trois itinérants montréalais rencontrés sur une période de six ans. Réflexion complexe et dérangeante sur un milieu parallèle. Oeuvre tournée dans le style brut du cinéma-vérité.
Ce documentaire du Montréalais Daniel Cross nous fait pénétrer dans l'intimité d'un milieu qui existe parallèlement au nôtre, et dont les codes nous sont souvent étrangers. Inscrit dans la tradition du cinéma-vérité, The Street dresse un état des lieux indigné de la part d'un cinéaste qui ne craint pas la confrontation avec ses intervenants. Sur les traces de ses trois itinérants, qu'il accompagne dans les centres de désintoxication, les prisons, les hôpitaux et les fermes de réhabilitation, Cross dessine une trajectoire circulaire qui, telle une force intérieure, ramène fatalement à la case départ ces protagonistes brisés par les drogues ou l'alcool. Optant pour une facture technique hachurée et instable, le film propose une réflexion complexe en forme de jeux de pistes, dont le montage multiplie les effets à l'infini. Il en résulte un film dur et dérangeant, qui se concentre exclusivement sur le milieu qu'il dépeint, bien qu'une voix off, au début et à la fin du film, s'emploie à présenter le sujet dans une perspective plus extérieure avec une mauvaise conscience un peu démesurée.
Texte : Martin Bilodeau