L’AVIS DE MEDIAFILM

Comme pour se démarquer nettement des films policiers américains, Pierre Jolivet situe l'action de son polar dans un contexte banlieusard gris et austère, choisit un héros ordinaire, chômeur de surcroît, et s'en tient à une mise en scène sobre de type presque naturaliste. Les amateurs de films d'action et de sensations fortes n'y trouveront peut-être pas leur compte, mais les cinéphiles devraient apprécier la qualité de ce traitement en demi-teintes. Jolivet impose à son film un rythme indolent, à la mesure de l'existence un peu vide du protagoniste. Or, au lieu de rendre le film inintéressant, ce rythme particulier s'accorde avec le caractère inéluctable du drame qui s'abat sur les personnages comme le poids du destin. Malgré cette approche volontairement détachée, le film contient quelques moments forts où la violence éclate sans retenue. De plus, le thème très hitchcockien du faux coupable est traité avec un certain suspense. Tous les interprètes jouent avec la justesse souhaitée, mais Vincent Lindon se fait particulièrement remarquer avec un jeu sobre, bien senti et totalement convaincant.

Texte : Martin Girard