Audacieux et original, ce premier long métrage de Kerrigan propose, avec rigueur et sensibilité, une vision intérieure de l'univers angoissé d'un schizophrène. Pour ce faire, le cinéaste choisit habilement de traduire les hallucinations auditives de Peter à travers une bande sonore étoffée. Ce traitement laisse ainsi peu d'espace à des dialogues qui, dans ce cas-ci, s'avèrent parfois maladroits. De plus, une mise en scène nerveuse installe une atmosphère insolite et tendue constamment alimentée par l'intentionnelle ambiguïté du scénario. En évitant de donner une réponse précise quant à l'identité du meurtrier, le film exige du spectateur l'effort de se faire son propre jugement. Souvent inconfortable, parfois insoutenable, Clean, Shaven doit beaucoup de son intensité à l'exceptionnelle interprétation de Peter Greene qui à elle seule compense largement la faiblesse générale du jeu des acteurs secondaires.
Texte : Alain P. Jacques