Cette lourde démonstration des ravages d'un régime dictatorial sur la mémoire et l'imaginaire d'un pays se réclame de Solanas, de Marquez et d'Allende, sans toutefois atteindre le romanesque onirique qui les caractérise. A grands renforts d'éclairages diffus et de terre fumante, la mise en scène monotone s'acharne à créer une esthétique à cheval entre l'imaginaire et la réalité. D'interminables monologues déclamés par des êtres fous ou ivres remplacent les dialogues qui auraient sans doute insufflé un semblant d'humanité à ces personnages bidimensionnels. Bien que convaincus, les interprètes s'égarent parfois dans des échappées grand-guignolesques qu'autorise une direction d'acteurs sans poigne.
Texte : Martin Bilodeau